Butterfly Wings [ DRAY ]

__On est sorti de la Grande Salle et nous arrivons rapidement à la salle sur demande. Personne ne nous a suivi et ce n'est pas plus mal. Je passe trois fois devant le tableau et une porte s'ouvre. Un petit studio de musique s'étend devant nous. Il y a tout le nécessaire, même des sofas et un petit frigo.

- Parfait ma foi.

__Je me retourne vers Drago et lui souris. Il est vraiment trés mignon...

- As-tu déjà fait un peu de solfège ?

__Je cherche mon carnet avec les notes de mon professeur et lui tends en m'asseyant sur un des sofas. Je pose, ou plutot je les bazarde, mon haut et ma veste dessus.

Je regarde la pièce sans dire un mot. Cette Salle m'a toujours fasciné ; je n'aurais jamais imaginé qu'une salle puisse être capable de faire tant de choses. A vrai dire, elle est parfaite.

- Non, je n'ai jamais aimé le solfège. Ou plutôt, l'idée d'en faire.

J'espère qu'il ne faut pas être patient pour apprendre à jouer de la guitare.

__Je souris et viens m'installer près de lui.

- Ce n'est pas trés compliqué. Par contre, il va te falloir de la patience et de la persévérance. On y arrive pas du premier coup à moins que tu ne sois un génie.

__Je reprends gentiment mon carnet et tourne les pages. Il faut un truc simple car il débute et je ne veux pas qu'il baisse les bras dès le départ, ce serait dommage. Je lui jète de temps à autre des coups d'oeils. Fascinant et extrêmement mignon. Va falloir que j'arrive à être sérieux mine de.

Je souris en coin. De la patience, a-t'-il dit ? Hé bien, s'il le faut vraiment, j'imagine que je pourrais potentiellement en faire preuve. Et puis il est mignon, ce qui simplifie la chose ! Je le vois tourner les pages de son carnet tout en me jetant des regards du coin de l'oeil ; je lui plais, aucun doute. Mais je plais à tout le monde remarque..

Je l'observe jouer de la guitare ; sa main se meut le long du manche tandis qu'il gratte les cordes avec un médiator vert, mais je n'ai pas le temps de voir la sensualité qui découle de cette scène. Je retiens les cases, les cordes à pincer, le rythme créé par ce triangle en plastique. Soudain, il s'arrête et me tend l'instrument ainsi que le médiator. Je les prends et imite à merveille (il faut le dire) le morceau joué précédemment par Shayne.

Une fois le morceau fini, je pose mon regard sur Shayne et attends. Il semble perdu dans ses pensées, les sourcils froncés. Je le vois secouer légèrement la tête. Je soupire bruyamment, histoire qu'il reprenne ses esprits et puisse voir que j'ai fini.

Je souris en réaction au compliment lancé par Shayne. Je le vois chercher dans son carnet une chanson du "level supérieur". Je ne peux qu'attendre, finalement, même si je dois avouer que l'attente n'est pas mon fort. Shayne s'attarde sur une page ; un sourire naît sur son visage. Il me tend le carnet.

- She Night, de Indochine ?, demandai-je plus pour moi-même qu'autre chose. Hmm.. Ca marche !

Je le vois se désaltérer tandis que je réfléchis à la vitesse grand V. Qu'est ce qui lui a pris ? Pourquoi m'a-t'-il déposé deux baisers sur le front ? Il repose sa bouteille et me sourit. Je me lève, le visage froid, glacial même ; impassible. Il fronce les sourcils et se lève à son tour. Il va pour parler mais je le coupe dans son élan.

- Je n'ai jamais eu besoin de toi, je n'ai besoin de personne.

Il ouvre grand ses yeux, mais je ne le laisse toujours pas parler.

- Je voulais juste passer du bon temps, c'est tout.

Je le vois rougir ; il ne sait pas quoi répondre, trop embarrassé par mes mots. Il regarde le sol à défaut de me regarder droit dans les yeux. Je souris en coin, pose mon index sous son menton afin de le relever. Je plonge mon regard dans le sien, sourit à nouveau, et dépose mes lèvres sur les siennes. Ce fût bref, mais ce fût bien. Je me recule et caresse ses lèvres de mon index avant d'interrompre tout contact avec son corps. Je souris, fier de moi.

Alors là, j'avoue ne pas comprendre son attitude. Monsieur m'allume, je lui donne une récompense, et monsieur repart ? Non, décidément, il ne peut pas partir sans m'avoir donné des explications. J'attrape Shayne par le bras et le fait se retourner, face à moi.

- Tu peux pas partir comme ça !, dis-je sur un ton autoritaire.

Ton qui ne lui plaît certainement pas, vue la grimace qu'il vient de faire. Je soupire et relâche son bras pour placer ma main sur sa nuque. Mon autre main se pose sur sa hanche, ce qui provoque des rougeurs au niveau des joues de Shayne. Je souris, content de l'effet que je peux avoir sur lui. Je rapproche mon corps du sien - sans pour autant le toucher ; nos lèvres sont très proches les unes des autres, et je dois avouer que cela commence aussi à me faire de l'effet.

- Tu es... Vexé ?, murmurai-je, le souffle chaud de mes lèvres s'écrasant contre les siennes.

Je me mords la lèvre inférieure après ce baiser que Shayne vient de me donner. C'est qu'il se dévergonde le jeune homme ! Moi qui le pensais timide... Il se recule un peu, ce qui fait que la main que j'avais sur sa hanche retombe dans le vide. Il me fixe, hésitant.

- Pourtant, beaucoup de personnes rêveraient d'être mon passe temps..., dis-je, déçu.

Il mord sa lèvre inférieur et détourne le regard. Je fronce les sourcils.

- Tu ne vas pas pleurer quand même ?

Pour seule réponse, une larme coule sur sa joue. Larme que je m'empresse d'essuyer d'un revers de la main. Je souris, ému de voir quelqu'un pleurer "pour" moi. Ou plutôt à cause de moi. Je soupire et prends Shayne dans mes bras, une de mes mains passant dans sa chevelure. Je sens ses mains se poser sur mon dos, son corps se coller au mien. Je souris.

Je me défais de son étreinte à contrecœur et souris légèrement. Il sourit à son tour, un peu déçu que je me sois écarté de ses bras. Je n'aime pas vraiment les moments de tendresse, je ne les ai jamais aimés. Je pense que cela est dû à l'absence de tendresse venant de la part de ma mère, qui travaillait (et travaille encore) beaucoup trop. Je reporte mon attention sur Shayne.

- Tu sais, ce n'est pas contre toi, mais j'ai des besoins. Comme tout le monde à vrai dire.

Il me fixe, légèrement soucieux.

- Je n'ai pas besoin de câlins, et je m'étonne moi-même quand je vois que je t'ai pris dans mes bras. J'ai besoin de contact, tu comprends ?

Il baisse la tête.

- Je ne parle pas forcément de sexe, Shayne.

Il me regarde en fronçant les sourcils. Je lève les yeux au ciel et m'avance vers lui ; mieux que les mots, une démonstration. Il ferme les yeux, prêt à se laisser faire. Je souris légèrement et presse mes lèvres contre les siennes, et ce plusieurs fois d'affilée. Un coussin apparaît derrière lui et il s'allonge ; je suis le mouvement et me retrouve à califourchon sur lui.

Je grogne légèrement en sentant les mains de Shayne se balader sur mon corps, faisant se coller la moindre parcelle de notre peau respective. Bordel, c'est qu'il commence à faire chaud ! Et pas question qu'un climatiseur fasse son entrée. Je me relève, détachant à regrets mes lèvres de celles - pourtant si sensuelles - de Shayne, afin d'enlever mon T-shirt. Cela eut pour effet de faire rougir la beauté allongée juste en dessous de moi, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je souris et patiente légèrement, assez heureux de voir l'effet que je produis. Je reviens lentement à la charge, mordillant les lèvres de Shayne avant de m'attaquer à la peau de son cou. Je l'entends gémir, un gémissement presque imperceptible, sauf pour mes oreilles. Je souris intérieurement et entame un suçon dans le creux de son cou ; mais c'est qu'il est appétissant le petit...

Je m'arrête soudainement, ce qui provoqua l'étonnement de l'homme désiré. Je me redresse et passe mes mains sous son T-shirt avec l'irrésistible envie d'aller plus loin. De vivre plus fort ; ou de vivre, tout simplement. Je me mords la lèvre inférieure ; quelle torture ! Une peau si douce, des lèvres si sensuelles, un corps si attirant... Je soupire et m'allonge à ses côtés en fermant les yeux. Puis je sens un poids au niveau de mon bas-ventre ; c'est Shayne, et il y a eu comme un changement de rôle..

Je souris en voyant que Shayne est aussi troublé que moi. C'est assez marrant de voir l'effet que je peux produire chez certaines personnes, que ce soient des garçons ou des filles. Je ne me suis jamais habitué à mon statut de sex appeal il faut dire. Et j'ai rarement voulu avoir à faire avec mes admirateurs ; je n'aime pas les gens.

- Shayne, l'interpelai-je.

Il plonge son regard dans le mien.

- Je ne t'aime pas., dis-je d'une voix calme, posée.

Ce qui eut pour effet de le rendre pâle, la bouche légèrement entrouverte. Il avait arrêté de bouger.

- Je t'apprécie, me rattrapai-je, mais il faut que tu saches que je ne connais pas l'amour ; et que je ne veux pas le connaître.

Il détourne son regard.

- Je ne suis pas fidèle non plus, il faut dire., avouai-je. Mais j'essaierai de l'être du mieux que je peux...

Je souris. Je ne le mérite pas, en fin de compte, il est trop bien pour moi.